« Envolée », portrait d’une femme bi en toute simplicité

Je ne suis pas que « bi ». Ce n’est pas une définition unique de moi-même, je suis aussi hypersensible, féministe, joyeuse…
J’ai 35 ans, j’ai deux enfants et je suis en couple hétérosexuel.
Avec mon conjoint, ma bisexualité est totalement respectée et je peux échanger sur mes envies. Pour en avoir parlé avec lui, avoir des relations sexuelles avec des femmes en dehors de notre couple ne pose pas problème (avec un autre homme non plus d’ailleurs). Je suis avec lui depuis deux ans et demi, je n’ai pas eu de rapport avec une femme ou un autre homme depuis que l’on est ensemble mais c’est quelque chose qui est largement possible.
Nous sommes encore dans la NRE (New Relation Energy) du début de relation, donc pas spécialement l’envie d’avoir d’autres relations puis avec le covid qui nous est tombé dessus, les rencontres n’étaient pas spécialement à l’ordre du jour.
Aujourd’hui, mon orientation sexuelle n’est plus du tout une interrogation. Je vis ma vie comme je l’entends sans me soucier du regard d’autrui. Ce n’est pas une définition unique de moi-même. Je ne suis pas que bi. Je suis aussi hypersensible, féministe, joyeuse…
Lui est hétéro (à ma connaissance), il n’a pas d’autres relations (femmes). Ca ne me générait pas mais il faudrait que je sois au courant. Après, entre ce qu’on imagine et comment on vit les choses réellement, je ne sais pas. J’ai déjà été en couple ouvert avant lui mais je ne vivais pas avec la personne. Je ne sais pas concrètement comment je réagirais…
Je me suis posé des questions à l’adolescence, vers 13/14 ans. J’avais l’impression d’être autant attirée par les filles que les garçons mais je ne connaissais pas la bisexualité. Je cherchais donc à savoir si j’étais hétérosexuelle ou homosexuelle. J’en ai parlé à personne. Je ne cherchais pas nécessairement à trouver une réponse, je laissais les choses se faire.
Ma première expérience avec une femme a été assez tardive (je n’ai simplement pas eu l’occasion avant). Ce fut un fiasco total : pas la bonne personne, pas le bon contexte… J’en garde un très mauvais souvenir. Je pense que son copain (qui était aussi un de mes partenaires) lui avait mis la pression et j’ai vraiment eu un doute sur son consentement à posteriori. C’était ambigu, tendu, elle n’était pas à l’aise et brrr ça me file des frissons quand j’y repense. Je suis sortie de là avec l’impression d’avoir violé une femme et également de ne pas avoir eu réellement envie de cet acte.
Ma première fois avec un homme j’en garde un très bon souvenir. On avait pris notre temps et c’était très sensuel. Heureusement, les relations suivantes avec des femmes ont été beaucoup plus fluides et agréables. J’ai compris vers mes 20 ans que j’étais bisexuelle et j’en étais sure.
Dans mon entourage, Il n’y a que mon conjoint que soit au courant. Le reste de ma famille n’a pas besoin de savoir. Je n’ai pas l’obligation de le dire. Si un jour je suis en couple avec une femme, je viendrai à en parler. Aujourd’hui, ce n’est pas nécessaire et je n’ai vraiment pas envie d’en passer par là. Je pense que ce serait mal accueilli.
Par le passé, j’ai pu rencontrer quelques difficultés. Honnêtement être une femme bisexuelle dans un monde misogyne est compliqué. Les hommes ont une rapide tendance à nous prendre pour une expérience « plan à trois ». J’ai compris bien trop tard que j’attirais certains profils d’hommes manipulateurs par cette bisexualité. J’ai arrêté de la mettre en avant ensuite.
Si je pouvais donner quelques conseils, je dirais de ne pas écouter ce que pensent les autres. Il faut vivre ses propres expériences sans se soucier de ce que dicte la société ou autrui. Il y a des expériences, des rencontres qui ne fonctionnent pas et ce n’est pas grave non plus. Nous sommes sûr de l’humain, ça arrive. Mais surtout, il faut respecter ses propres limites et ses envies.
De façon générale, je n’ai pas été mal jugée mais j’entends souvent autour de moi des propos homophobes ou biphobes. J’essaie d’éduquer et d’amener à l’ouverture d’esprit. C’est un sujet dont je ne peux laisser passer les remarques blessantes.
Aujourd’hui, j’aime mon équilibre. Si je me projette d’ici 5 à 10 ans, je dirai simplement que je souhaiterai avoir la même vie qu’aujourd’hui si possible !